Cette 10ème édition des Rencontres d’Angoulême Penser et comprendre la bande dessinée sont organisées les 20, 21 et 22 novembre 2024 par l’Université
de Poitiers (CRIHAM et FoReLLIS), la Maison des Sciences de
l’Homme et de la Société de Poitiers, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, le Pôle Image Magelis et le Réseau de Recherche Régional en Nouvelle Aquitaine sur la Bande Dessinée.
Art Spiegelman a découvert au sujet de la bande dessinée, qu’elle
était « du temps transformé en espace ». Dès lors, l’art du récit de
bande dessinée consisterait à traduire, par la mise en planche et
la mise en page, le décompte du temps du récit. Dans les cases, les
corps comptent – tout en le décomptant – le passage du temps
de l’Histoire et du temps vécu. Ils traduisent les âges de la vie à
la manière de la chronophotographie de Muybridge qui a inspiré
bien des artistes de bande dessinée, leur vitesse dans l’espace,
leur accélération et leur décélération.
La temporalité des livres de bande dessinée repose sur les
spécificités du médium. Forme sérielle, la bande dessinée engage
la régularité, que ce soit dans les journaux ou dans les cycles qui
s’étalent en plusieurs livraisons. Les récits de bande dessinée
renferment le temps clos des vies et des corps qui y sont déposés,
retranscrits comme témoignages, reportages ou récits de vie.
Embrassant tous les genres, la plasticité du dessin donne aux corps
dessinés des formes immortelles comme des rajeunissements et
des vieillissement inédits dans les récits du réel comme ceux de
science-fiction, d’horreur ou de fantastique.
Le corps du lecteur se trouve alors relié au temps qui se décompose
dans ces pages : se plie-t-il au temps qui s’y décompose ou
explore-t-il la plasticité de l’écoulement du temps avec lequel
la bande dessinée sait si bien jouer ? Ce colloque se propose
d’explorer les différents aspects de l’écoulement du temps dans la
manière dont il engage les corps, support principal de la création
du récit graphique.