L’équipe du MIMMOC (Mémoires, Identités, Marginalités dans le Monde Occidental Contemporain, Unité de recherche 15072, Université de Poitiers) est heureuse d’annoncer la parution du 30e numéro de sa revue, les Cahiers du MIMMOC. Le volume, co-dirigé par Diana Burgos-Vigna, professeure en études latino-américaines à l’Université Paris Nanterre et secrétaire générale de l’Institut des Amériques, et Julien Zarifian, professeur en civilisation nord-américaine (États-Unis) à l’Université de Poitiers et membre junior de l’Institut Universitaire de France, s’intitule « États et sociétés des Amériques face aux blessures de l’histoire. Des politiques nationales aux réponses locales ». Il rassemble dix articles, en plus d’une introduction, portant sur différents États de l’ensemble du continent américain. S’inscrivant dans un des grands axes de recherche du laboratoire et de la revue, à savoir l’étude de la mémoire historique et de son impact sur les sociétés contemporaines, ce numéro est le dernier d’une longue et très belle série, qui frappe par la richesse des contenus ainsi que par une grande ouverture et beaucoup de diversité en termes disciplinaire et méthodologique, mais aussi s’agissant des thématiques abordées, des pays ou régions traitées ou encore des statuts et profils scientifiques des auteur.e.s. Revue académique en ligne et libre accès, et ce depuis sa création en 2006, les Cahiers du MIMMOC fêteront leurs vingt ans d’existence dans deux ans. Tous les numéros publiés (deux par an, en moyenne) sont des numéros thématiques et sont accessibles en ligne et en intégralité sur le portail « OpenEdition Journals », à l’adresse suivante : https://journals.openedition.org/mimmoc/.
Julien Zarifian – Professeur des universités en civilisation nord-américaine (États-Unis) – Laboratoire MIMMOC
1773-actuel, Charron (estuaire de la Sèvre Niortaise) la mer chassée par les polders. @Thierry Sauzeau
La région Nouvelle-Aquitaine a lancé en 2022 un nouveau type d’appel à projets enseignement supérieur et recherche qu’elle a baptisé Programme scientifique de grande ambition régionale (PSGAR). Parmi les quatre thématiques proposées à la communauté des chercheurs, l’érosion et la submersion des littoraux a occupé les travaux du réseau régional de recherche R3 Rivages, créé quelques mois plus tôt. En effet, la Région a confié à ce réseau le pilotage de la réponse collective et pluridisciplinaire de ce volet littoral du PSGAR. Le principe retenu par la région consiste à cofinancer les actions à 50 %, à charge pour les chercheurs de présenter le complément. Le groupe pilote du R3 Rivages les a d’abord invités à produire des réponses par établissement. Le représentant de l’université de Poitiers, Thierry Sauzeau, professeur d’histoire moderne et membre du laboratoire Criham UR 15 507, s’est chargé de coordonner les réponses de l’établissement. Une fois toutes les réponses reçues par le groupe pilote, un travail de rapprochement thématique a été entrepris. C’est ainsi que la réponse CORALI (COnnaissances inteRdisciplinaires pour une meilleure Adaptation face aux risques Littoraux) a été élaborée. La suggestion poitevine d’une architecture en trois axes basés sur la temporalité des phénomènes (temps long ; moyen terme ; événement) a été validée par le conseil scientifique de la Région et l’architecture de CORALI se décline en une dizaine projets de recherche pluridisciplinaires (ou Work Packages). Thierry Sauzeau a coordonné l’axe 1 « Temps long » avec des collègues du BRGM Pessac et du laboratoire Ausonius de Bordeaux Montaigne. Anthony Beaudouin et Sébastien Jarny (Pprime), spécialistes de mécanique des fluides, ont intégré le PSGAR CORALI au sein de l’axe 3 « Événements ». Au final, les chercheurs poitevins ont obtenu 240 k€ de subventions régionales soit environ 10 % de l’enveloppe totale. En collaboration avec le BRGM, les universités bordelaises, celle de La Rochelle mais aussi l’IRSN ou EDF, la recherche poitevine va ouvrir plusieurs chantiers. L’étude de la dynamique du trait de côte, d’Oléron à l’Adour, sera abordée à travers les naufrages et les aménagements forestiers qui ont transformé ce littoral de plages et de dunes. Un autre volet consistera à reconstituer des événements de submersion anciens, notamment dans l’estuaire de la Gironde, où l’usine nucléaire du Blayais doit pouvoir anticiper et prévenir ce type d’événement. Il sera également question de sonder les histoires familiales et personnelles des résidents principaux et secondaires, à la recherche des motivations qui les poussent à maintenir leur projet de vie sur le littoral, en dépit de risques de mieux en mieux identifiés.
Thierry Sauzeau – Professeur des universités en histoire moderne – Laboratoire CRIHAM
Le projet MAIA (MAssification et Intensification Agroécologique pour renforcer la résilience des systèmes agricoles et assurer la sécurité alimentaire en Nouvelle-Aquitaine) est financé pour 5 ans (2024-2029, 5,4 millions d’euros) par la région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre des projets scientifiques de grande ambition régionale (PSGAR). Il ambitionne de démontrer que le recours aux solutions fondées sur la nature, valorisant la biodiversité et les services écosystémiques, permet de concevoir des systèmes agricoles gérant durablement la fertilité des sols, moins dépendants des pesticides, plus résilients face au changement climatique et présentant des avantages socio-économiques pour les agriculteurs et la société en général.
À travers une recherche-action pluridisciplinaire (écologie, microbiologie, économie, sociologie, psychologie, géographie, etc.) conduite par 12 laboratoires néoaquitains sur 4 territoires pilotes (Nord-Vienne, Est Gironde, Limousin et Sud Landes), ces travaux viendront alimenter une analyse prospective qui accompagnera à terme le déploiement de l’agroécologie sur le territoire néoaquitain.
Deux laboratoires de l’université de Poitiers (EBI et Ruralités) seront impliqués dans ce projet. Ils travailleront plus spécifiquement sur la fertilité des sols agricoles dans la région, à l’interface d’enjeux climatiques, alimentaires et environnementaux majeurs. L’amélioration de la gestion des sols cible plus particulièrement l’augmentation de la matière organique des sols (MOS). Or, depuis les années 1960, la concentration géographique des productions et la spécialisation des territoires agricoles entraînent une déconnexion croissante entre les zones de production et de consommation de matière organique, une substitution des engrais organiques par des engrais minéraux et une diminution globale de la matière organique présente dans les sols. Dès lors, mieux connaître la répartition spatiale de l’utilisation et de la production des MOS sur un territoire constitue un enjeu clé de la transition agroécologique. Cela permettrait notamment de développer des filières locales d’approvisionnement (réduction des émissions de CO² liées à la production d’engrais minéraux et au transport de MOS entre bassins de production), tout en améliorant la qualité des sols.
Les chercheurs d’EBI et de Ruralités impliqués dans ce projet travailleront à (1) cartographier à l’échelle régionale les pratiques de gestion de la MOS en Nouvelle-Aquitaine, (2) mieux les facteurs de différenciation des pratiques de gestion de la MOS entre agriculteurs à travers des enquêtes de terrain et (3) évaluer l’effet des pratiques de gestion de la MOS sur les communautés de macrodétritivores (cloportes, vers de terre).
Thibaut Preux – Maître de conférences en géographie – Laboratoire RURALITÉS
Prévention des Risques psychosociaux et Qualité de vie et des conditions de travail à la MSHS
Le service Hygiène et Sécurité de l’Université, accueille depuis septembre dernier, Mme Natacha Grandemange en qualité d’apprentie. Madame Grandemange est actuellement en Master 2 « Ergonomie et Psychologie du Travail » et dans le cadre de son alternance, est mandatée pour conduire l’évaluation et la prévention des risques psychosociaux au sein des unités de travail de l’établissement. Ce travail est réalisé également en réponse à l’inspection
santé sécurité au travail qu’a connu l’établissement dernièrement.
Madame Grandemange conduit cette démarche avec des unités pilotes, la MSHS en fait partie.
Si l’intervention de Madame Grandemange est bien d’évaluer les risques psychosociaux au sein des différentes unités de travail dans le cadre d’une démarche participative et pour la mise à jour du document unique des risques professionnels. Elle entend aussi mettre en place une démarche de proximité qui vise à la promotion de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail lorsque le climat social le permet.
A ce jour, deux groupes ont pu être constitués, le premier composé de doctorant.e.s et d’une représente d’une école doctorale, et un deuxième avec des personnels du conseil de laboratoire de la MSHS.
Une première réunion avec le groupe « doctorant.e.s » a eu lieu le 7 février, et la première réunion avec le groupe « conseil de laboratoire » est planifiée pour le 6 mars.
Il n’y a aucun retour côté enseignants-chercheurs, chercheurs pour participer à cette démarche.
Ces différents groupes de travail ont pour objectif d’identifier les différents risques psychosociaux auxquels les agents sont exposés. Ils permettront par la suite une réflexion plus large autour d’un plan d’action de prévention. Ces différentes étapes donneront lieu à un compte rendu qui sera disponible au cours de l’année 2024.
Sylvie Sap – Responsable Pôle Recherche et Innovation MSHS
La vie des labos
La communauté disloquée
Essai sur le déclin d’une vallée industrielle
Presses universitaires de Rennes, coll. Res Publica, 2023.
L’ouvrage vise à cerner les raisons du vote populaire en faveur du FN/RN dans certaines zones de vieille implantation ouvrière, notamment dans le nord et l’est de la France.
L’insuffisance des explications habituelles, fondées sur les caractéristiques de la situation socio-économique immédiate des zones concernées – chômage endémique, précarisation des conditions d’existence, immigration, etc. –, amène à poser et défendre une autre hypothèse sociologique : le basculement vers le vote lepéniste ne tiendrait-il pas plutôt à l’effondrement de la communauté façonnée par le patronage, instaurée durant la période industrielle ? Le groupe ouvrier, empêché de s’organiser de manière autonome tout au long du développement industriel, s’en serait littéralement trouvé « dés-emparé » lorsque les industries locales ont fermé. Cette hypothèse prend appui sur la distinction opérée par Ferdinand Tönnies entre communauté et société : la transition de l’une à l’autre consisterait dans le passage d’un état social où les individus sont « liés en dépit de toute séparation » à un état où ils sont « séparés en dépit de toute liaison ». C’est cette transformation qui est ici invoquée, le concept de communauté ne renvoyant pas, en l’occurrence, à une communauté archaïque, mythique mais à cette communauté désignée comme « industrieuse », en ce qu’elle s’est constituée durant le développement industriel en assurant l’emprise patronale sur le groupe ouvrier.
Cette hypothèse a été éprouvée à l’aune du cas de La Haute vallée de la Thur, une vallée vosgienne où l’industrie textile s’était implantée dès la fin du 18e siècle et déployée le siècle suivant, avant de rencontrer des difficultés croissantes après la seconde guerre mondiale. Son effondrement, au cours des années 1970 n’a pas signifié seulement, pour le groupe ouvrier, la perte irrémédiable des emplois qu’ils avaient occupés jusque-là mais l’écroulement des solidarités instituées lors du développement industriel. C’est la cohésion de la société locale qui a été affectée, ébranlée, défaite. De « liés en dépit de toute séparation », les individus se sont trouvés « séparés en dépit de toute liaison ». Si la communauté industrieuse était une communauté segmentée et hiérarchisée, elle n’en réunissait pas moins les individus dans un destin commun. La fin de l’industrie textile a, dès lors, laissé les individus isolés, contraints de s’habituer aux conditions d’existence d’une société libérale marchande qui ne reconnaît que des individus. La nostalgie de la communauté ancienne a, dès lors, conduit une grande part à rechercher dans une communauté nationale hypothétique, ordonnée autoritairement et fermée aux immigrés – la communauté mythique invoquée par le FN/RN – un succédané à la communauté industrieuse perdue.
L’analyse du cas de la Haute vallée permet ainsi de conforter l’hypothèse annoncée. Elle procède en deux temps : l’instauration de la communauté industrieuse puis sa dislocation.
Henri Eckert – Professeur émérite de sociologie – Laboratoire GRESCO
PriMem – Collecter et étudier les mémoires d’une prison désertée. Une approche interdisciplinaire et participative de recherche au cœur d’un projet de reconversion (prison Jacques-Cartier, Rennes)
MSH Ange Guépin, MSH en Bretagne, MSH de Poitiers
Préparation d’un entretien (binôme chercheure/acteur), le 16 février 2024. @Gaïd Andro
PriMem s’inscrit dans le contexte spécifique de la reconversion de la prison Jacques-Cartier, à Rennes. Fermée en 2010, cette prison est rachetée en 2021 par Rennes Métropole, avec l’ambition d’en faire un « lieu culturel et citoyen ». C’est dans le cadre d’une démarche de concertation citoyenne, lancée en 2023, que doivent être définis les usages de ce futur lieu. Dans ce contexte singulier, particulièrement propice à l’émergence de la parole, il s’agit de mener une collecte de sources orales auprès des multiples acteur·rice·s lié·e·s à cette prison rennaise (anciens détenus et proches de détenus, anciens membres du personnel de l’administration pénitentiaire, voisins du quartier, bénévoles associatifs, etc.).
L’objectif du projet croise l’enjeu historique de la recherche sur l’enfermement carcéral, l’enjeu épistémologique des recherches participatives en sciences sociales et l’enjeu citoyen de la médiation des savoirs scientifiques au sein de la démocratie métropolitaine. Le collectif de travail associe ainsi des chercheur·e·s en sciences sociales (historien·n·e·s, géographes, sociologues, anthropologues) et d’ancien·ne·s acteur·ice·s de la prison Jacques Cartier (anciens détenus, anciens surveillants, bénévoles associatifs, etc.) afin de co-construire la collecte de sources orales. Les entretiens sont préparés et menés en binôme (chercheur·e/acteur·rice), et donnent lieu à des enregistrements sonores et/ou filmés. L’objectif final de PriMem est de constituer un corpus de sources orales pouvant donner lieu non seulement à des recherches en sciences sociales mais aussi à la mise en place de dispositifs de médiation (ateliers scolaires, expositions, visites guidées).
Atelier PriMem à Rennes 2, le 19 janvier 2024. @Fanny Le Bonhomme
En mettant au travail la collaboration des savoirs scientifiques et des savoirs d’expérience au sein du collectif, PriMem vise à expérimenter d’autres modes de production de la recherche en sciences sociales, mais aussi d’autres voies de démocratisation et de circulation des savoirs.
Responsables scientifiques du projet : Gaïd Andro (CREN, Université de Nantes), Fanny Le Bonhomme (Criham, Université de Poitiers), Fanny Bugnon (Tempora, Université Rennes 2)
Fanny Le Bonhomme – Maîtresse de conférences en histoire contemporaine – CRIHAM
Manifestations culturelles
Festival Les Menstrueuses
Depuis 2021, le festival Les Menstrueuses est un événement unique en son genre qui aborde les enjeux sociaux, politiques et économiques liés aux mentruations. Il est porté par Marion Coville (IAE, CEREGE), Héloïse Morel (Espace Mendès France de Poitiers) et Stéphanie Tabois (UFR STAPS, GRESCO).
LE FESTIVAL : LES MENSTRUEUSES
Alors que les menstruations sont souvent considérées comme une question « intime », le festival place cette thématique au cœur d’un événement scientifique, culturel et artistique.
En créant des espaces d’échanges autour de la santé des personnes menstruées, de la précarité menstruelle, des droits reproductifs, des violences sexistes et sexuelles, etc., les Menstrueuses luttent contre les tabous qui entourent les règles.
En novembre 2023, la 3ème édition abordait des sujets variés, allant de l’histoire des produits menstruels à la perception sociale de la ménopause ; la journée d’échanges pluridisciplinaires (histoire, droit, sciences de la communication, sociologie, philosophie des sciences…) était consacrée à l’étude critique des nouveaux essentialismes. Plus de 60 chercheur.ses, artistes, professionnel.les de santé, journalistes, etc. ont contribué à la réussite de ces événements.
La 4ème édition aura lieu du 19 au 23 novembre 2024, avec nos partenaires institutionnels et associatifs. Elle reprendra une forme identique à celle des années précédentes : projection-débat, stands associatifs, journée d’étude, conférence, ainsi que des événements participatifs, créatifs et festifs.
LE LIVRE : IDÉES REÇUES SUR LES MENSTRUATIONS. CORPS, SANG, TABOU
Le mois de novembre 2023 a également été marqué par la publication d’un ouvrage collectif qui synthétise et met en perspective les contenus scientifiques des premières éditions du festival.
Cet ouvrage, Idées reçues sur les menstruations. Corps, sang, tabou a pu voir le jour grâce au partenariat du GRESCO et des Éditions du Cavalier Bleu.
Il s’agit d’un recueil d’un type inédit en langue française, du fait de son caractère accessible et de la diversité des points de vue (avec des textes d’artistes, d’universitaires issu. es de nombreuses disciplines, des soignant.es, des personnes concerné.es, des militant.es, etc.).
Le livre se positionne à rebours de la vision pathologisante et individualiste des menstruations telle qu’elle est promue par la médecine et appropriée par le sens commun. Envisager ainsi les règles revient à contribuer à démasculiniser les connaissances, à partir de critères de scientificité et à légitimer des objets de recherche émergents.
Colloque international « Vast Early America : A Transcontinental Conversation », 19-21 juin 2024
La grande majorité de la recherche sur l’Amérique coloniale et la jeune Amérique post-révolutionnaire est conduite aux Etats-Unis. Néanmoins, nous, en Europe, disposons de nombreux collègues, jeunes et plus établis, qui font autorité en la matière mais qui, parfois, ne sont pas entendus ni connus par les collègues américains au sens large (Amérique du Nord, centrale, du Sud, Antilles), souvent parce qu’ils ne publient pas en anglais. A travers ce colloque, dont l’initiative émane de l’Omohundro Institute of Early American History and Culture (Williamsburg, Virginie, Etats-Unis), nous souhaitons établir une conversation profonde et efficace entre les collègues américains, européens et africains, autour des thèmes principaux de l’Amérique des XVIIe et XVIIIe siècles, à savoir les migrations, le travail non-libre et l’esclavage, la religion, la politique, la liberté et les révolutions, l’écologie et le rapport à la nature, les autochtones et leurs cultures, les notions de pouvoir, de souveraineté, et bien d’autres encore.
« Plongez dans le Passé : l’Amérique des XVIIe et XVIIIe siècles à Poitiers », 22 juin 2024
Accolé à ce colloque, puisque la recherche doit aussi être partagée avec le grand public et lui être utile, Jennifer Johnson-Goliger et Elodie Peyrol-Kleiber organisent une journée de reconstitution de l’Amérique des XVIIe et XVIIIe siècles dans les locaux du département de droit (E09) en centre-ville de Poitiers. En effet, comment parvenir à partager les recherches que nous, universitaires, conduisons dans les espaces dévoués, à savoir des bureaux, des salles de conférences? C’est la question que nous nous sommes posée lorsque nous avons appris l’existence du service de médiation scientifique de l’Université de Poitiers. Quoi de mieux que de plonger les gens dans les saveurs, les sons et les visions de l’époque ? En effet, l’histoire vivante (living history) fleurit de toutes parts, avec le développement des actions de partage des cultures et des sociétés du passé.
Ainsi est né notre projet de créer un espace temporaire où l’Amérique au sens large du terme serait présente à Poitiers. N’ayant que peu de moyens, il ne nous sera bien entendu pas possible de pousser la représentation dans la réalité comme le font ces musées vivants que sont Colonial Williamsburg et Plimoth Patuxet. Néanmoins, il nous semble important, au vu des événements actuels, de ménager une place à l’Amérique des origines, en représentant au mieux tous ses aspects et la pluralité de ses cultures.
Pour ce faire, le projet fait appel au travail d’étudiants de diverses université, puisqu’il s’agit d’un projet pédagogique également, ainsi qu’à des professionnels de la reconstitution et/ou à des spécialistes tels que la curatrice du Fonds Ancien de la Bibliothèque Universitaire Lettres & Droit de Poitiers, Anne-Sophie Traineau-Durozoy, Arnaud Blondet, spécialiste de la reconstitution militaire de l’armée française durant la révolution américaine, la porte-parole de la tribu autochtone Cœur d’Alène, l’actrice Souria Adèle qui sera interviewée sur son rôle en tant que Mary Prince, une esclave des Bermudes, dans sa pièce de théâtre, une conteuse professionnelle Mado Lagoutte, des couturières historiques, Valérie de l’Atelier de Dame Valériane à Agen et Justine Giraud qui fabrique des corsets à la main, l’association Bal d’Antan qui proposera des danses pratiquées aux Amériques ou encore l’association L’Hermione de Rochefort.
Pour pallier le manque de moyens qui ne nous permettra pas, par exemple, d’avoir des décors et ustensiles d’époque, des cartels historiques seront dotés d’illustrations et d’explications sur les sociétés en Amérique aux XVIIe et XVIIIe siècles, assortis de références bibliographiques scientifiques. Les étudiants de plusieurs filières et de plusieurs universités participent au projet et seront présents le 22 juin 2024, de 10h à 18h.
Élodie Peyrol-Kleiber – Maîtresse de conférences en civilisation nord-américaine – Laboratoire MIMMOC
Réseaux
Présentation du R3 NumEd
Le R3 NumEd est un réseau composé de plus de 100 chercheurs répartis sur 25 laboratoires dans toute la Nouvelle-Aquitaine. Il vise à structurer, au niveau régional, les interactions entre les acteurs de la recherche, le monde de l’éducation et les partenaires socio-économiques évoluant dans ledomaine des technologies éducatives (Ed’Techs). Les orientations scientifiques du réseau sont déterminées par Thierry Olive et Philippe Carré(coordinateurs scientifiques) et les membres du comité de pilotage composé d’un référent de chaque établissement et du coordinateur technique.
Pour vous inscrire à notre Newsletter et pour toute autre demande : romain.trincherini@univ-poitiers.fr
Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche s’intéresse au réseau BD !
À l’occasion du FIBD 2024, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a mené un entretien avec le directeur scientifique du réseau, Frédéric Chauvaud et sa coordinatrice, Irène Le Roy Ladurie. L’entretien, à retrouver sur le site du Ministère, a creusé la fonction de la recherche comme levier d’actions pour et par la Bande dessinée. L’entretien a également été l’occasion de rappeler que le dispositif tout à fait particulier des réseaux régionaux mis en place par la région Nouvelle-Aquitaine ! Vous pourrez y retrouver des réflexions sur la nécessité d’une formation spécifique des enseignant-es et enseignant-es chercheur-euses, ainsi que les références des lectures des membres du réseau, lectures que vous pouvez retrouver, pour certaines, dans la bédéthèque du centre de documentation.
Irène Le Roy Ladurie – Coordinatrice technique 3RBD Nouvelle-Aquitaine
Cette année le FIBD, dont la direction artistique a été confiée à Marguerite Demoëte, chercheuse à l’Université de Lille et issue du monde l’édition littéraire, a montré un visage inattendu à ses festivaliers et ses festivalières. Sans aucune polémique, le festival s’est déroulé dans une atmosphère de calme autour d’expositions dont une partie notable était consacrée, fait notable, à des autrices, dont la fameuse Moto Hagio, première mangaka à recevoir l’honneur d’une rétrospective à Angoulême, depuis que les grandes expositions mangas ont été inaugurées. L’œuvre de Nine Antico, elle, se trouvait revisitée dans l’Hôtel Saint-Simon. On pouvait y retracer son parcours, des carnets de dessins tenus pendant des concerts de rock aux toutes dernières productions de Madones et Putains publiées chez Dupuis dans la prestigieuse collection Aire Libre. L’exposition Croquez ! à la Cité de la Bande dessinée, sur les chais, méritait un détour tant par l’originalité du sujet que par l’exposition d’un large choix d’objets et de pièces originales jamais sorties de collections prestigieuses. On peut déplorer la disparition des grandes conférences qui donnaient alors l’occasion au public de se plonger avec détail et densité dans l’histoire de la bande dessinée, ses enjeux profonds. Toutefois à la CIBDI, en parallèle de la programmation, organisée par Catherine Ferreyrolle et Antoine Sausverd, une série de mini conférences s’est tenue dans le centre de documentation autour du groupe de la Platinum Age List, un groupe d’historien-nes de la BD occupés par le premier tiers de l’histoire du XXe siècle. Ouvert à tous les publics, c’était l’occasion d’en connaître davantage sur cet art neuf, qui commence à dater… Enfin il ne fallait pas manquer le pavillon canadien, où des exclusivités de la librairie aux rencontres d’auteur-es on ne pouvait pas manquer de défricher un territoire si riche et vieux de près de cent cinquante ans ! Du canadien Palmer Cox au québécois Jimmy Beaulieu.
Irène Le Roy Ladurie – Coordinatrice technique 3RBD Nouvelle-Aquitaine