Comme en témoignent les nombreux projets présentés dans cette newsletter, les laboratoires en Sciences humaines, économiques et sociales de l’université de Poitiers sont très actifs ! Qu’il s’agisse du projet CUBANEXUS, du réseau thématique CNRS sur l’éducation, du projet Éducation, Numérique, et Migrations développé dans le cadre de l’alliance EC2U, du projet VINUM sur l’usage d’environnements immersifs pour la formation professionnelle, des projets sur les normes d’accueil des migrants, sur les migrations en Nouvelle-Aquitaine, ou encore celui en partenariat avec la MESHS de Lille sur les mobilités dans les « paradis fiscaux », tous permettent de mieux comprendre les enjeux autour de nos sociétés en transition, qu’elle soit géographique, technologique ou culturelle…
Les travaux conduits au sein du LabCom DESTINS avec la société Ellyx ont, quant à eux, permis de développer l’échelle SRL (Societal Readiness Level) pour évaluer le niveau de maturation des projets d’innovation sociale. Déjà utilisée par diverses institutions (dont le CNRS), cet outil devient indispensable pour la mise au point de dispositifs de transformation sociale. Il donne ainsi une grande visibilité aux travaux poitevins dans ce domaine !
Enfin, le réseau de recherche néo-aquitain sur le Numérique pour l’Éducation vient de recruter son nouveau coordinateur technique, Romain Trincherini (romain.trincherini@univ-poitiers.fr)? Vous pourrez désormais le contacter pour toute question sur le réseau.
Toute l’équipe de la MSHS vous souhaite de très belles et joyeuses fêtes de fin d’année !
Thierry Olive
La MSHS
Les médiateurs culturels et scientifiques entre Cuba et l’Europe francophone (1952-1971) – CUBANEXUS
Photo 1 : Didier Dacunha-Castelle et Fidel Castro en 1970, à Cuba, coupant de la canne à sucre. Source : Fonds personnel de Didier Dacunha-Castelle (en cours de traitement à la MSHS)
Avec un consortium composé d’institutions françaises, suisses et cubaines, nous développons au sein de la MSHS (laboratoire, CRLA-Archivos) un projet de recherche soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR) : « Les médiateurs culturels et scientifiques entre Cuba et l’Europe francophone (1952-1971) – CUBANEXUS ». Notre principal objectif est d’identifier les personnalités clés (« médiateurs ») ayant joué un rôle significatif et influent dans l’établissement de liens culturels et scientifiques entre Cuba et les pays francophones européens (France, Belgique, Suisse) entre 1952 et 1971. Pour ce faire, nous élaborons une base de données rassemblant les coordonnées (lieu et date de naissance, emplacement éventuel des archives personnels, mini descriptif biographique) des médiateurs identifiés (disponible sur notre carnet : https://cubanexus.hypotheses.org/). Outre la rédaction d’articles et d’un recueil d’entretiens qui devrait paraître en 2024, le projet CUBANEXUS cherche aussi à numériser et inventorier des fonds d’archives privés, qui seront bientôt disponibles pour la consultation scientifique à l’Université de Poitiers. L’écrivain cubain résidant en France depuis 1968, Eduardo Manet (1930), nous a généreusement confié ses archives personnelles, traitées actuellement par notre archiviste Laurent Passion. Nous avons également bénéficié du legs du fonds du mathématicien français Didier Dacunha-Castelle (1937), qui fut proche de Fidel Castro et fondateur en 1968 du dénommé « Comité de liaisons scientifiques et universitaires franco-cubain ». De surcroit, grâce au travail de notre assistant de recherche Lucas Joly, nous avons pu consulter de nombreux fonds d’archives de Français et de Cubains ayant contribué au renforcement des liens réciproques, dont les fonds Gisèle Halimi, Michel Leiris, Wifredo Lam, Daniel Guérin, Nathalie Sarraute, Pierre Naville, etc. Rafael Pedemonte, porteur de ce projet, s’efforce quant à lui à multiplier les entretiens avec les quelques médiateurs encore en vie, ce qui nous a permis de recueillir des précieux témoignages (Luc Chessex, Una Liutkus, Pierre Golendorf, Graziella Pogolotti, Chantal Triana, Denis Hollier, etc.). Un premier colloque a eu lieu à Poitiers en mars 2022 et un second est en préparation et se tiendra la semaine du 18 mars 2024 : « A l’ombre des grandes puissances ? Revisiter les rapports entre Cuba et l’Europe au XXe siècle ».
Rafael Pedemonte, MCF CRLA-Archivos/ITEM
Photo 2 : Eduardo Manet avec Yves Montand, Paris (1955) Source : Fonds personnel d’Eduardo Manet (en cours de traitement à la MSHS)
Irène Le Roy Ladurie, nouvelle chargée de mission 3RBD NA
Passionnée de bande dessinée, jusqu’à soutenir en 2021 une thèse sur le sujet (et la littérature) portant sur le thème de la caresse, je rejoins la MSHS de Poitiers en tant que chargée de mission pour le réseau de recherche sur la BD en Nouvelle Aquitaine (3RBD). Co-rédactrice en chef de la revue neuvième art, la revue en ligne de la Cité de la bande dessinée, j’édite et j’écris des dizaines d’articles par an et lis encore plus de livres de et sur la bande dessinée. Agrégée de Lettres Modernes, j’enseigne également la littérature et la bande dessinée à Angoulême, à Paris et à Bordeaux. Vous me trouverez dans le bureau 126 de la MSHS pour répondre à toutes vos questions concernant ce sujet ou organiser un projet quel qu’il soit sur la bande dessinée. Et si je ne suis pas là c’est que je me suis cachée à la bédéthèque du Centre de documentation !
Réseau Thématique Pluridisciplinaire (RTP) du CNRS « Recherches autour des questions d’Education »
Dans son contrat d’objectifs et de performance 2019-2023, le CNRS a inscrit six défis sociétaux qu’il souhaite éclairer de manière déterminante. Parmi eux, la lutte contre les inégalités éducatives représente un enjeu majeur. Cette évolution s’accompagne d’une réflexion sur l’importance d’utiliser des méthodes scientifiques pour faire progresser les pratiques pédagogiques. L’importance de la formation et de l’acculturation à la recherche des enseignants et des cadres de l’Education Nationale est mise en avant.
En lien avec ce défi sociétal, l’INSHS et l’INSB du CNRS ont créé en 2020 un Réseau Thématique Pluridisciplinaire (RTP) destiné à cartographier et fédérer les recherches menées autour des questions d’éducation dans les UMR du CNRS, recherches qui relèvent de nombreuses disciplines différentes et sont dispersées dans de très nombreuses unités. Soixante-cinq UMR appartenant à cinq des instituts du CNRS (INSHS, INSB, INSMI, INSIS, INS2I) ont intégré ce réseau. Les disciplines concernées sont notamment la sociologie, la didactique, les sciences de l’éducation, les sciences du langage, l’informatique, les neurosciences cognitives, la psychologie, l’économie et les sciences de gestion, l’histoire, les mathématiques… (liste non exhaustive). Pour plus d’informations, on pourra consulter le site Web https://rtp-education.cnrs.fr/. Quatre axes scientifiques, tous multidisciplinaires, ont été définis :
Inégalités éducatives
Politiques éducatives comparées (organisation et professions, instruments et évaluation)
Pratiques et dispositifs pédagogiques (face aux données)
Penser le lien avec le terrain scolaire
Les rencontres et journées d’études organisées par le RTP depuis 2020 ont permis une réflexion sur les différentes épistémologies en jeu dans les recherches autour des questions d’éducation. En effet, les disciplines de recherche qui abordent ces questions ont des conceptions et des pratiques de la recherche très différentes. Le RTP a par ailleurs diffusé depuis sa création de nombreuses informations aux 900 chercheurs, ingénieurs ou doctorants affiliés au réseau. Le RTP a aussi élaboré un ouvrage scientifique collectif pour diffuser les éléments significatifs des travaux conduits depuis sa mise en place, ouvrage actuellement soumis pour publication à CNRS Éditions.
Le RTP va se transformer en 2024 pour cinq ans en un réseau thématique (RT, ex-GDR) du CNRS pour permettre à des unités de recherche hors CNRS de venir rejoindre le réseau. Ce RT regroupera 95 laboratoires, dont 57 unités CNRS, 33 unités de recherche universitaires, un centre INRIA, et une unité INSERM. Aux quatre axes actuels du RTP s’ajouteront deux nouveaux axes « transversaux » : un axe « Numérique et éducation » et un axe autour de l’éducation à la citoyenneté, intitulé « Vers une éducation démocratique : histoire et actualités des discours et des pratiques ». Dans le cadre de ce RT, de nouvelles actions seront mises en place, comme par exemple l’organisation d’écoles d’été pour permettre à de jeunes doctorants et postdoctorants issus de différentes disciplines de pouvoir interagir entre eux.
Grégoire Borst et Nicolas Vibert, co-responsables du Réseau Thématique Pluridisciplinaire (RTP) du CNRS « Recherches autour des questions d’Education »[1]
[1] Grégoire Borst est professeur de psychologie du développement, membre de l’Institut Universitaire de France et Directeur du Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’Education de l’enfant (LaPsyDE, UMR 8240, Paris). Nicolas Vibert est directeur de recherche au CNRS et Directeur du Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage (CeRCA, UMR 7295, Poitiers – Tours).
La MSHS, lieu-ressources de la recherche sur l’innovation sociale
Concept of participation in meeting Note to Insp: 5 people – 5 MR +1 Property release
La MSHS a constitué le support, en 2019, de la création du LabCom (Laboratoire Commun) DESTINS (Dynamique des Entreprises, des Sociétés, des Territoires pour l’INnovation Sociale), financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), en association avec la Société Coopérative Ellyx, spécialisée dans l’accompagnement des structures privées et publiques souhaitant s’engager dans des démarches d’innovation sociale. Ellyx est basée à Poitiers et Bordeaux principalement.
Quatre laboratoires de la MSHS ont formé ce consortium : RURALITES (géographie), le CRIEF (économie, aujourd’hui le LEP), le CECOJI (droit), le CEREGE (gestion). 10 chercheurs de la MSHS et 10 praticiens-chercheurs d’Ellyx ont participé activement, pendant 3 ans, à cette recherche-développement sociale pluridisciplinaire, conduite sur 12 terrains d’application différents, afin de permettre l’intégration des processus d’innovation dans les structures sociales, économiques, culturelles, écologiques, territoriales, dont les besoins sont mal recouverts jusqu’à aujourd’hui par le marché ou les politiques publiques : que ce soient en matière d’organisation, de structures juridiques, de mise en œuvre de nouvelles politiques publiques (comme la transition écologique ou de nouvelles formes d’apprentissage), de possibilités d’ancrage territorial et de diffusion de bonnes pratiques en la matière.
La subvention de 300.000 euros octroyée par l’ANR a permis de recruter un coordinateur technique, 4 ingénieures d’études, 4 stagiaires. Une doctorante CIFRE, basée chez Ellyx, a rejoint le projet. Le LabCom a été dirigé par deux chercheurs du LabCom et deux cadres d’Ellyx et a associé étroitement la responsable de la recherche et de l’innovation de la MSHS.
Parmi les retombées des travaux du LabCom, un grand forum conclusif a été organisé le 30 août 2022 rassemblant 200 personnes issues de milieux socio-économiques divers, du monde de l’Economie Sociale et Solidaire, de la recherche, du monde associatif.
En terme d’acquis de recherche appliquée, ils ont été de deux ordres :
La formulation d’un certain nombre de préconisations concernant les conditions de réussite des projets d’innovation sociale : attention à porter, dès le départ des projets, à leur caractère collectif et d’intérêt général, à la mobilisation souvent insuffisante de l’ensemble des compétences scientifiques, organisationnelles, territoriales, à l’apport des recherches en Sciences Humaines et Sociales (SHS) trop souvent ignorées ;
La création d’une échelle de mesure de la maturation des projets d’innovation sociale en 9 étapes successives, dite échelle SRL (Social Readiness Level).
Depuis fin 2022, l’équipe du LabCom est sollicitée pour mettre en place des formations sur la familiarisation de l’échelle SRL, notamment auprès du personnel du CNRS en France, mais aussi auprès des différents prescripteurs des projets d’innovation sociale. Elle est également sollicitée pour intégrer des dimensions SHS dans les grilles de mesure mobilisées par les ministères et la Commission Européenne, d’abord construites pour caractériser les innovations technologiques. En effet, et c’est l’un des résultats les plus probants du LabCom, nombres de projets à caractère technologique sont, de fait, mieux acceptés par la société en général si on en apprécie mieux les effets sociaux, économiques, territoriaux. La complémentarité entre innovation technologique et innovation sociale constitue, sans doute, une voix prometteuse de pistes de développement plus écologiques, plus solidaires, mieux partagées par les décideurs, les acteurs locaux et les populations.
Cette collection a pour objectif de rendre visible la production scientifique des chercheurs collaborant aux divers axes de recherche émanant de la MSHS.
Depuis 2011, la collection HAL de la MSHS a évolué : elle regroupe aujourd’hui, 3 axes d’études et de recherche. Tous trois définis grâce à une collaboration avec les laboratoires fédérés permettant ainsi aux chercheurs des 15 unités de recherche de travailler ensemble sur des thématiques communes.
Sa gestion et son suivi est assurée par Nathalie Marlet, documentaliste à la MSHS, qui veille à la qualité des métadonnées et à la valorisation des notices dans la base.
L’un des objectifs que se fixe la Loi de programmation de la recherche est d’atteindre 100% des publications en accès ouvert pour 2030.
Le CCSD [1] coopère en ce sens, avec un nouveau service, qui viserait à collecter les publications déjà en libre accès sur les sites des éditeurs pour les importer dans HAL.
Ce nouveau service offrirait aux déposants une fonctionnalité de suggestions de dépôt permettant d’importer automatiquement leurs publications identifiées avec un DOI [2] et diffusées sous licence Creative Commons [3].
Il s’agit de repérer, grâce au DOI, des publications déjà en libre accès sur d’autres plateformes et suggérer aux chercheur·es d’en importer le texte intégral dans HAL
La finalité de ce projet devrait voir le jour fin 2023. Il est piloté par un membre du CCSD, Yannick Barborini. Ce service s’inscrit dans le cadre du projet Equipex+ HALiance.
Une présentation du projet est en ligne sur la chaine Canal U
Dans un souhait de contribuer à l’ouverture et au partage de vos travaux de recherche, lors de vos saisies dans HAL, indiquez-y le DOI s’il existe et renseigner la zone sur la licence.
Nathalie Marlet, documentaliste et référente HAL MSHS
[1] Centre pour la Communication Scientifique Directe
[3] Les licences Creative Commons(CC) sont un outil juridique qui permet d’accorder par avance la permission d’utiliser une œuvre (texte, image, musique) de diverses façons (copie, distribution, modification et adaptation), tout en restant conforme aux législations nationales sur le droit d’auteur.
Semaine Data-SHS 2023 : Données et méthodes quantitatives en Sciences Humaines et Sociales, 11 au 15 décembre 2023
À la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société (salle Mélusine)
Ouverte à toute la communauté scientifique
Cinq jours de présentations, séminaires et un atelier, portant sur l’accès aux données ainsi que sur les bonnes pratiques en matière de production, de gestion, de méthodes et outils de traitement des données.
9 sessions sont proposées :
– Accès aux données quantitatives pour la recherche en SHS
– Mobiliser des enquêtes et bases de données publiques pour répondre à des problématiques d’emploi et de travail
– Wikidata : découverte du corpus et cas d’usage dans le monde de la recherche
– Éthique et intégrité scientifique
– Focus sur le questionnaire (3 sessions) : conception, recommandations pour la mise en œuvre et application avec le logiciel LimeSurvey
– Collaborer, stocker, déposer, archiver ses données de recherche : quelles solutions à l’UP ou pour les SHS ?
– Quels dispositifs d’accompagnement à la science ouverte à l’UP ?
Pour l’inscription c’est ici. Vous pouvez vous inscrire jusqu’au vendredi 8 décembre 2023 (inscription gratuite mais nécessaire).
Informations : gaelle.coz@univ-poitiers.fr
La semaine data SHS est organisée par la Plateforme Universitaire de Données de Poitiers (PUD-UP) de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société. Elle est coordonnée au niveau national par l’Infrastructure de Recherche Etoile Progedo.
Retour sur événements MSHS
La MSHS au Palais des sciences. Fête de la science au Palais des Comtes de Poitou – Ducs d’Aquitaine et à la MSHS, 14 et 15 otobre 2023
Chaque année, partout en France, la Fête de la science invite le grand public à s’amuser avec toutes les sciences. Une belle occasion pour les chercheurs et les citoyens de se rencontrer et d’échanger. La MSHS remercie les très nombreux chercheurs, ingénieurs, techniciens et étudiants des différents laboratoires de recherche en SHS de l’Université de Poitiers pour leurs animations et présentations variées où toutes les disciplines ont été abordées.
Sylvie Sap, Responsable Pôle Recherche et innovation MSHS
Colloque Les Rencontres d’Angoulême : Penser et comprendre la bande dessinée – 9ème édition – « Les corps immobiles », 11-13 octobre 2023
Lors de cette neuvième édition des rencontres d’Angoulême, le corps a encore été de la partie. Il s’agissait cette fois-ci de prendre à contrepied l’un des usages de la représentation du corps dans la bande dessinée, le mouvement. Si les personnages de bande dessinée gesticulent, pensons aux personnages de Gotlib, fendent les airs, pensons à Flash Gordon, s’affrontent dans des chorégraphies sophistiquées, pensons à Naruto, il n’en demeure pas moins que l’image, elle, dans ce cinéma de papier est une image fixe. Le colloque se proposait donc d’étudier le principe d’immobilité et d’immobilisation soit du fait des personnages, des corps en présence, soit du fait du médium bande dessinée. Beaucoup de contributions se sont attachées à interroger l’immobilisation du corps par l’image, par exemple dans sa constitution, comme les séances de poses dans les récits de peintres de la collection Le Louvre/Futuropolis étudiés par Arianna Bocca-Pignoni qui vont fixer, figer le corps du modèle, comme la pratique d’entomologiste du dessinateur Emmanuel Guibert qui interroge l’équilibre entre le respect du corps dessiné et la nécessité de le saisir évoqué par Alberto Pellegrini, ou bien les mouvements suspendus par le découpage et le cadrage des planches dans les frasques bondissantes de Calvin et Hobbes étudiés par Florent Perget. Si l’immobilité angoisse et interroge c’est aussi du fait de sa proximité avec la figuration mortuaire et la disparition, sujet abordé dans les interventions de Valérie Blanchemanche sur les bustes dans la bande dessinée et dans l’intervention de Pascale Hellegouarc’h sur S’enfuir, roman graphique au titre paradoxal de Guy Delisle, narrant la claustration immuable de l’otage Christophe André dans le Caucase. Le corps immobile, dans son absence de stimuli pose enfin des questions de lecture et d’interprétation : aucune fonction emblématique ne semble active, aucun geste ne permet d’introduire une action qui serait identifiable et quantifiable : que faire de ces corps ? Comment les lire et les comprendre ? Ce fut l’une des questions posées tout au long du colloque comme dans la présentation de Véronique Haricot sur la perception de l’immobilité des corps dans les récits de guerre. La corrélation entre l’absence de mouvement et la perception du temps fut au cœur des débats, ce qui défriche un peu plus le terrain de ces impensés de la bande dessinée, la question du temps, du mouvement et de la vitesse dans les récits dessinés. Un chantier qui sera sans aucun doute en partie mis en œuvre au travers de la publication des actes du colloque. En attendant, le 3RBD prépare la prochaine et 10ème rencontre d’Angoulême pour penser et comprendre la bande dessinée !
Le numéro 15 de la revue Images du travail, travail des images vient de paraître et porte spécifiquement sur la peinture. Il s’agit d’analyser comment sont représentées les activités laborieuses mais aussi de rendre compte du travail du peintre. Sa représentation en peinture sera examinée du point de vue du travail du peintre et de la médiation que les artistes établissent avec les sujets représentés au travail, leurs gestes, leur attitude. Il s’agit donc de rendre compte également du travail de l’artiste, la représentation désignant ici conjointement l’activité de production d’une image et le résultat de l’interaction qui s’établit par son intermédiaire avec le public. À coté du dossier thématique, de nombreuses rubriques permettent d’aborder l’actualité des images du travail et des méthodes qui permettent de les analyser. Le dossier est coordonné par Anne Jollet et Jean-Marc Leveratto. Ce numéro est accompagné des rubriques suivantes : Varia, Un oeil, une image, Grand entretien, Images en chantier, Compte rendu.
Gouverner la science. Anatomie d’une réforme (2004-2020)
Le 19 octobre dernier, le Département de sociologie et le GRESCO accueillaient deux chercheurs, Christian Topalov, directeur de recherche émérite au CNRS, et Joël Laillier, maître de conférences en sociologie à l’université d’Orléans, pour une conférence autour de leur dernier livre : Gouverner la science. Anatomie d’une réforme (2004-2020), dans l’amphi Bourdieu de l’Hôtel Fumé.
Lors de cette conférence, les deux auteurs ont proposé une analyse très étayée des profondes transformations ayant marqué nos univers académiques ces dernières décennies. La question à l’origine de leur analyse est assez simple : que s’est-il passé pour que nos institutions scientifiques et universitaires nous fassent passer d’une situation où les chercheurs et universitaires étaient relativement autonomes dans l’orientation de leurs activités de recherche à une situation dite de « l’autonomie des universités » qui correspond à l’institutionnalisation d’un pilotage politique de la recherche au bénéfice de l’innovation et de la croissance économique.
Trois fils analytiques ressortent de leur propos. D’une part, s’attaquer de front à l’autonomie de la science et des universitaires était bien un objectif des réformes, mais un objectif qui s’est construit par une politique « des petits pas » bien davantage qu’au sein d’un projet initial. D’autre part, il a fallu changer le « système de pouvoir », en créant de nouvelles instances susceptibles d’affecter les valeurs et le sens commun académiques (agences de moyen, agences d’évaluation, label d’excellence, quantification et notation, etc.). Enfin, il a fallu changer celles et ceux qui gouvernent la science depuis l’intérieur, par exemple en permettant à certains enseignants chercheurs de mener des carrières essentiellement administratives à des postes de gouvernement de la science, en professionnalisant le rôle de président des universités ou en développant les rémunérations au mérite.
Rassemblant des membres de trois équipes de l’université de Poitiers (Techné, Migrinter et le FoReLLIS) le projet Éducation, Numérique et Migrations (ENUM) vise à fournir un premier cadre de collaboration scientifique à des approches épistémologiques et méthodologiques diverses autour des questions d’inclusion de populations « déplacées » en situations d’urgence humanitaire. Il répond également à un enjeu sociétal d’actualité : inclusion de populations migrantes à l’appui de dispositifs numériques de formation.
Le projet s’inscrit parfaitement dans les problématiques de notre territoire et de son environnement socio-économique. Il offre des perspectives originales et pertinentes telles que le développement d’un axe pluridisciplinaire d’analyse des politiques d’inclusion principalement focalisé sur la question d’une éducation de qualité (ODD).
Lauréat du programme UP-SQUARED, le projet se concrétisera par une journée d’études à la MSHS le 1ier février 2024. La journée commencera par une conférence du Professeure Marjut Johansson, Directrice de l’Institut des sciences du langage et de la traductologie de l’Université de Turku (Finlande), université membre du réseau EC2U. Elle s’achèvera par une table ronde permettant à différents acteurs (associations, institutions, scientifiques) d’échanger leur point de vue.
VINUM, un projet de recherche sur l’usage d’environnements virtuels immersifs pour la formation professionnelle (https://programmevinum.fr/)
L’unité de recherche Techné est membre du consortium VINUM porté par la fondation UNIT qui coordonne les travaux de dix partenaires (institutions publiques, entreprises et centres de formation agricole). Le projet VINUM est lauréat de l’Appel à Manifestation d’intérêt “Compétences et Métiers d’Avenir” (AMI CMA) opéré par la Banque des Territoires et l’Agence Nationale de la Recherche.
Le programme VINUM vise à accompagner la transition numérique de la formation aux métiers de la filière agro-viticole en s’appuyant sur les technologies immersives, l’imagerie 3D de haute qualité, et l’utilisation non intrusive des données récoltées et partagées. L’objectif est de permettre aux apprenants, grâce à la réalité virtuelle, de simuler et répéter des gestes essentiels à leur future pratique professionnelle mais qui sont difficilement réalisables en conditions réelles car ce serait trop coûteux et dans certaines conditions, pourrait présenter des risques pour l’apprenant.
Les trois dispositifs de réalité virtuelle développés dans le projet sont :
E-CAB : Un simulateur de conduite d’engin agricole (notamment de vendangeuse) qui permet de reproduire des scénarios de conduite sur la route et dans les vignes.
AMPELOS : Un simulateur de taille de vigne qui permet de se former à cette pratique tout au long de l’année.
E-MAINT : Un service de formation à la maintenance d’engins agricoles et forestiers.
Au sein de ce projet, Techné a deux missions :
Étudier l’appropriation et l’usage des 3 dispositifs par tous les publics concernés.
Étudier l’efficacité des 3 simulateurs pour l’apprentissage des élèves.
Pour réaliser ces missions, deux types d’études ont été prévues : des observations sur le terrain, c’est-à-dire dans des salles de classe avec les enseignants et les élèves, et des observations instrumentées dans la salle d’expérimentation de Techné (le Techné Lab) en mobilisant des techniques de collecte et d’analyse de traces numériques de l’activité, de captation audiovisuelle et d’oculométrie. Le but de ces observations est de comprendre l’activité des utilisateurs des simulateurs mais aussi d’analyser le déroulement des séances de classe pendant lesquelles un simulateur est utilisé (quelle est la posture de l’enseignant, comment les élèves qui observent sont impliqués…). Ces démarches d’observation instrumentée sont complétées avec des entretiens réalisés pour comprendre l’expérience vécue par chacun des acteurs des situations de formation et recueillir les avis et besoins des enseignants.
La finalité de la contribution de Techné au projet VINUM est double :
Identifier les modalités d’appropriation propres aux environnements virtuels immersifs de formation ;
formuler des recommandations afin d’améliorer les simulateurs en fonction des besoins des formateurs et apprenants et d’aider les formateurs à intégrer au mieux ces dispositifs dans leur enseignement.
Migrinter, lauréat de deux nouveaux projets interdisciplinaires portés durant les trois prochaines années.
Le premier projet conduit avec le CECOJI s’intitule : « l’Archéologie d’une norme de l’Union européenne. Processus d’adoption et d’application de la directive 2001/55/CE sur la protection temporaire » (ARDI 2001). Il vise à analyser les raisons politiques et juridiques ayant conduit les États de l’UE et les institutions européennes à refuser ou accepter la protection temporaire définie dans la directive 2001/55/CE du Conseil, et octroyée pour la première fois en mars 2022 aux personnes fuyant l’Ukraine. Pour rappel, l’afflux massif de personnes migrantes provoqué par la dissolution de l’ex-Yougoslavie a incité l’Union européenne à mettre en place un mécanisme de protection temporaire, rompant avec l’approche individualiste traditionnelle en y substituant une logique de reconnaissance collective (directive 2001/55 CE du Conseil). Malgré plusieurs demandes en ce sens, ce dispositif n’a pas été activé avant mars 2022 pour les personnes fuyant l’Ukraine. Le projet ambitionne alors de donner de la profondeur et de la densité aux analyses déjà esquissées des raisons de cette activation tardive, en menant une archéologie des décisions politiques qui ont été prises au sein des institutions européennes et de plusieurs Etats membres. Il s’appuiera notamment sur une recherche approfondie de documents administratifs et législatifs à trois moments charnières (mise en place de la directive [2001], échec de son activation [2011-2015], mise en œuvre [2022]), accompagnée d’entretiens des acteurs impliqués. Ce projet de deux ans débute en janvier 2024, et est financé par l’Institut Convergences Migrations et le réseau EDAP (Europe Droit & Actions Publique). Il regroupe 3 géographes, 2 historien·ne·s, 11 juristes, 2 politistes, 3 sociologues, une géomaticienne et un gestionnaire. Une personne dans le cadre d’un contrat postdoctoral de 18 mois sera recrutée.
Le second projet « (Im)migrations et Mobilités d’Hier et d’Aujourd’hui en Nouvelle-Aquitaine » (IMHANA)est conduit avec les UMR Géolab (Université de Limoges) et Passages (Université Bordeaux Montaigne) et l’unité de recherche ITEM (Université de Pau end es pays de l’Amour) et une dizaine d’acteurs socio-économiques. Il propose, à partir d’une approche pluridisciplinaire, d’étudier les dynamiques migratoires qui ont traversé et continuent de sillonner la région Nouvelle-Aquitaine depuis le début du XXe siècle. Notre premier axe de travail consiste à identifier la diversité de la présence migrante et son épaisseur historique dans les espaces peu denses. Puis dans le second axe d’étude, le projet questionne les recompositions des solidarités ville-campagne auxquelles les migrants participent par leurs mobilités et par la circulation des produits, capitaux ou idées qu’ils mettent en œuvre au sein des territoires et qui, nous pouvons le supposer, viennent enrichir ou revitaliser des centres-bourgs, des communes rurales et des petites villes. Notre hypothèse pose que les circulations internationales s’appuient sur des mobilités, voire des solidarités entre villes et campagnes qui brouillent les limites entre ces deux espaces ; plus encore, ces mobilités ville-campagne renouvelées sous l’effet des circulations internationales forment des espaces relationnels. Il est donc important d’envisager ces circulations traditionnellement étudiées par la géographie rurale (produits agricoles, néo-ruraux, etc.), à l’aune des circulations internationales. Dans un troisième axe d’étude, en prenant en compte cette dimension éminemment circulatoire des migrations d’hier et d’aujourd’hui, que ce soit à travers les diasporas présentes de longue date comme les Portugais arrivés dans les années 1960-1970 ou, de manière renouvelée, à travers les séjours des saisonniers d’origine étrangère dans le secteur du BTP ou de l’agriculture, le projet s’intéresse à la fois aux conditions de production d’un « cosmopolitisme rural » ainsi qu’à ses limites. Ce projet de trois ans a débuté en octobre 2023, et est financé par la région Nouvelle Aquitaine. Il regroupe 13 géographes, 5 historien·ne·s, 2 sociologues, 2 anthropologues, 2 géomaticiennes et 3 gestionnaires dont trois personnes ont été recrutées dans le cadre de contrats doctoraux.
MIGRAFISC – « Infrastructure migratoire et mobilités privilégiées dans les paradis fiscaux »
Projet financé par le RnMSH – Porté par la MESHS de Lille en partenariat avec la MSHS de Poitiers (correspondante Brenda Le Bigot, MCF, UMR Migrinter).
Ce projet étudie les nouvelles relations entre mobilités transnationales et optimisation fiscale, en analysant leurs effets spatiaux dans les « paradis fiscaux ». Loin d’être de simples centres financiers internationaux, ces territoires développent aussi une « infrastructure migratoire » pour attirer les riches étrangers, notamment à travers des programmes immobiliers et de citizenship per investment. Le projet étudie cette infrastructure migratoire pour migrants privilégiés par une comparaison entre 4 terrains (Belgique, Malte, Emirats Arabes Unis, Maurice), et par des enquêtes ethnographiques menées à la fois auprès des intermédiaires de la migration et des migrants privilégiés eux-mêmes, afin d’étudier leurs styles de vie et leurs mobilités. Le projet contribue à la mise en réseau des MSH de Poitiers et de Lille et renforce, du fait de son volet quantitatif et cartographique, les liens entre leurs Plateformes Universitaires de Données. Interdisciplinaire (géographie, sociologie, sciences politiques) et international du fait à la fois de l’équipe qui le porte et des terrains et méthodes envisagés, il analyse les types émergents de migrations privilégiées liées aux techniques d’optimisation financière dans la mondialisation.
Migrinter a le plaisir de vous inviter à écouter la 1ère émission de l’année 2023-2024 de Soit dit en Migrant sur la radio Pulsar (95.9), diffusée pour la première fois le samedi 28 octobre à 12 h 00. Celle-ci a été préparée et animée par Yousra Erraghioui et Maëlle Parfait (étudiantes au sein du Master Migrations) et Céline Bergeon. Elle est consacrée à La Méditerranée avec la participation d’Antía Pérez Camarés (Université de La Corogne) et Morgane Dujmovitc, chercheurs CNRS au laboratoire PACTE (Grenoble). Vous pouvez écouter à nouveau les anciennes émissions, en podcast, à l’adresse suivante : https://migrinter.cnrs.fr/manifestations-scientifiques/radio-podcast/
Implantation du Centre dramatique national de Poitiers Nouvelle – Aquitaine, le Méta Up, sur le campus de l’université de Poitiers
Pour la première fois, un CDN s’implante sur un campus universitaire grâce à un projet écoresponsable, mené sur le principe de la réutilisation de structures démontables et reconfigurables. Pour l’université, la mise à disposition d’un terrain au cœur du campus répond à des ambitions fortes. Il s’agit bien sûr de répondre à des enjeux majeurs de démocratisation de l’accès à la culture pour le public étudiant, au service de l’égalité des chances et des réussites plurielles. Mais c’est aussi un signal fort pour générer des dynamiques de coopérations. Le Méta Up souhaite en effet affirmer son identité comme lieu de fabrique pour la recherche : les liens avec la création artistique peuvent être multiples, et l’équipe du Méta Up ne demande qu’à explorer leur fécondité avec la communauté universitaire, de façon à développer des pratiques innovantes responsables, en repensant notamment les rapports entre recherche et théâtre à l’aulne des mutations du monde. Ce 20 décembre, le Méta Up fêtera le solstice d’hiver en conviant le public à une visite de chantier tout en partageant un vin chaud.
N’hésitez pas à vous inscrire : lemeta@le-meta.fr ou 05 49 41 43 90.
Bâtiment du MétaUp, Avenue du Recteur Pineau, Poitiers. Source : @Sybille Lajus
Sybille Lajus, Vice-présidente Vie étudiante, culture et sport, Université de Poitiers
14 et 15 mars : Colloque international « Les oeillets rouges vus d’ailleurs : représentations et répercussions du 25 avril hors les murs » – CRLA-Archivos
19 mars : Colloque international « À l’ombre des grandes puissances? Revisiter les rapports entre Cuba et l’Europe au XXème siècle » – CRLA-Archivos
21 et 22 mars : Doctoral training – DGM2, Introduction to management
4 avril : Journée d’étude « L’audition au coeur de la subjectivité » – RPPsy – CAPS
5 avril : Journée d’étude « Enseigner la théorie des opérations énonciatives aujourd’hui » – FoReLLIS
5 avril : Journée d’étude « Commencer où s’arrête le conte » – FoReLLIS