Archives Virtuelles Latino-Américaines




Fonds Raymond Cantel

 

Pour la mise en ligne de la littérature de cordel ou comment faire ressortir sur Internet les spécificités d'une littérature orale

Paola Da Cunha
Centre de Recherches Latino-Américaines-Archivos (Université de Poitiers)


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♦ Histoire et fonctions de la littérature de Cordel
♦ Particularités de la littérature de cordel
♦ Travail sur le Fonds Raymond Cantel
  


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O cordel é mais que o folheto; é a narrativa lida ou cantada,
é a imagem da gravura e a imagem imaginada.

Aléxia Brasil (1) [2005 : .23]



Histoire et fonctions de la littérature de Cordel

Depuis de nombreuses années, le CRLA possède l’un des plus important fonds de littérature populaire brésilienne. Il s’agit du Fonds Raymond Cantel, du nom de son créateur qui l’a confié à notre centre, après avoir pendant de très nombreuses années lutté pour promouvoir auprès des brésiliens mais aussi des européens l’importance de cette littérature populaire. Raymond Cantel disait en effet, en 1972 à Récife, que «si les pouvoirs publics brésiliens avaient une idée de l’importance et de l’usage que l’on fait du cordel, ils ne laisseraient pas le genre s’éteindre.» (2) Et l’on peut l’affirmer aujourd’hui qu’il y est parvenu puisque dans les années 70-80, cet éminent chercheur et professeur était chargé d’un cours sur la littérature populaire brésilienne à la Sorbonne.

Le CRLA a donc pour mission de préserver et diffuser ce fonds si précieux et de poursuivre ainsi le travail de promotion de cette littérature.

Avant d’entrer dans les détails du projet de mise en ligne du Fonds Raymond Cantel, il est nécessaire de présenter la littérature de cordel ainsi que son histoire afin de bien comprendre la vitalité d’une littérature orale à l’ère des nouvelles technologies et d’expliquer les options choisies pour sa mise en ligne.

Les origines de la littérature de cordel sont si nombreuses qu’il est bien difficile de les définir avec précision. Il serait trop réducteur d’affirmer qu’il s’agit de la version brésilienne de la littérature de colportage arrivée au Brésil avec les colons portugais et depuis longtemps disparue en Europe puisque certaines de ses pratiques sont bien antérieures. Mais tout comme cette dernière, la littérature de cordel, se présente sous la forme de petits livrets.



cordel

 


Ils sont constitués par 8, 16, 24 32 ou davantage de pages. Mais à la différence de la littérature de colportage, les textes sont écrits en vers et principalement en sextille. Le folheto le plus ancien connu date de 1902. (3)

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Originaire du Nordeste brésilien, les folhetos traitent aussi bien d’histoires de la tradition européenne adaptées au contexte du nordeste brésilien que de productions poétiques locales. Jean Duvignaud (4) souligne de façon juste l’originalité de cette poésie populaire :


Le Nordeste – une des régions les plus fascinantes du Brésil car s’y confondent, dans un métissage culturel séculaire, la geste des « cangaçeiros » ou celle des « canudos » jadis décrits par Euclides da Cunha, les prouesses de Roland ou de Charlemagne, amenées avec des chants liturgiques, par les Portugais, les légendes africaines, de Métis, d’une Indianité dispersée – et la meute des faits divers, sportifs, policiers, politiques. Une chimie poétique, toujours vivante.



La littérature de cordel avait une importance essentielle dans les sociétés du Nordeste brésilien. Elle y avait des fonctions informatives, récréatives et pédagogiques. Face à l’absence de journaux, le folheto a pendant très longtemps eu une fonction journalistique (5). Souvent lu ou déclamé à travers son support écrit devant un public à majorité analphabète, le cordel avait d’importantes fonctions sociales comme l’explique Sylvie Debs :



Les conditions de vie du sertão étant réputées pour être particulièrement difficiles voire inhumaines, le cordel a souvent été perçu et continue encore d’être vécu par les sertanejos comme un moyen d’échapper aux problèmes quotidiens, la poésie permettant cette fuite par l’imaginaire. Les études thématiques montrent bien le lien indissociable entre les sujets traités et l’expérience vécue au quotidien. Cette poésie populaire véhicule toute une partie de l’univers de l’imaginaire sertanejo, de la religiosité, des moeurs et coutumes, des valeurs éthiques et culturelles.



La chercheuse poursuit en soulignant l’importance au sein de sa communauté du poète qui était autrefois le plus souvent un homme de peu d’instruction (6) mais qui possédait un incroyable talent pour inventer et raconter des histoires.

Le poète est en quelque sorte le porte-parole d’une majorité silencieuse, dont il est à la fois témoin et acteur: «Pour être non seulement le témoin mais aussi le représentant de cette réalité douloureuse, le poète populaire ne saurait en faire un tableau qui ne soit à la fois un réquisitoire.» Si la critique sociale est fortement présente, elle n’apparaît pas toujours sous une forme organisée, et plus qu’un moyen de lutte, la littérature de cordel fonctionne comme fiction compensatoire. (7)

La déclamation ou la lecture d’un folheto par un poète devant un public de gens n’est pas motivée seulement par le fait que ses auditeurs ne savent pas lire. Il s’agit également d’importants moments de rencontre d’une communauté qui se réunit pour se distraire de ses soucis quotidiens.


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Encore très vivante, ce dont témoignent les très nombreux folhetos ayant traité de la catastrophe du 11 septembre, la littérature de cordel a néanmoins connu d’importants changements aussi bien dans sa production, sa diffusion que dans sa consommation sous l’effet de l’urbanisation et des nouvelles technologies qui ont profondément modifiées la mentalité des poètes mais également des consommateurs.

Pendant très longtemps produit essentiellement dans le Nordeste brésilien, le folheto a suivi les mouvements migratoires à travers tout le territoire brésilien. Beaucoup d’auteurs ont de nos jours un niveau d’études supérieur et ainsi « cohabitent, à l’heure actuelle, des poètes analphabètes qui continuent de travailler de façon traditionnelle et des poètes qui utilisent Internet comme support de diffusion de leurs textes ». (8)

La littérature de cordel n’intéresse plus seulement les classes populaires du Sertão mais également les chercheurs, les étudiants et les touristes. En ce qui concerne le contenu des folhetos, il est devenu surtout journalistique ou bien créé sur commande.

A l’origine, les folhetos étaient produits dans des typographies artisanales dont la plus ancienne a été créée en 1930 à Juazeiro do Norte (9). Afin d'alléger les dépenses typographiques, ils sont depuis plus d’une quinzaine d’années entièrement composés et produit en offset. Aléxia Brasil (10) évoque cette transformation:



Passé l’impact des changements, les solutions alternatives de production ont surgi. Peut-être que la division en époques d’or, époques de crise et de renaissance n'est finalement qu’une simplification d’un mouvement continuel d’adaptations. A la fin du XXe siècle, l’ordinateur personnel devient un élément-clé de ce qu’on désigne habituellement par les termes de graphie rapide. Cela peut sembler étrange, mais ce modèle de production est plus proche de la typographie que ses successeurs technologiques immédiats.

[2005: 40]


Les folhetos peuvent donc être préparés et produits plus rapidement. Le gain de temps et d’argent justifie l’utilisation des nouvelles technologies (11).

Le cordel, contrairement aux prévisions pessimistes n’a pas disparu et a su trouver des stratégies de préservation dans l’actuel marché culturel (12). Beaucoup de récitals, de festivals et de congrès permettent quotidiennement aux poètes populaires de s’exprimer. Des CD et DVD sont gravés et vendus permettant ainsi la conquête de nouveaux publics. Les sites internet se multiplient, certains poètes composant désormais directement sur la toile. Internet s’est donc revélé être un important outil pour la promotion et la dynamisation de la littérature de cordel.

Comme l’affirme Audálio Dantas « beaucoup de gens répètent que ces manifestations sont en voie d’extinction. Mais en réalité il y a des dizaines d’artistes en pleine activité. Il s’agit d’un art traditionnel qui n’a pas seulement survécu aux nouvelles technologies mais se les est appropriées » (13).



Particularités de la littérature de cordel

Le Professeur Raymond Cantel a laissé un fonds qui est constitué en grande partie de folhetos. Il en comptait alors environ 5000 et s’est depuis enrichi puisque nous en possédons aujourd’hui près de 8000, chiffre qui augmentera sans aucun doute, le fonds recevant régulièrement des folhetos de la part des poètes eux-mêmes ou de chercheurs brésiliens (14).

Dans les traditions orales, la transcription d’une composition telle que le conte par exemple, signifie normalement pour celle-ci fixation, forme unique. L’écrit empêche alors qu’elle se développe en une infinité de variantes telle que cela est le cas dans son circuit de diffusion traditionnel. Il n‘en est rien pour la littérature de cordel où le folheto ne représente qu’un support provisoire de la composition. Aléxia Brasil affirme que :



Das origens puramente orais ou intermediadas por manuscrito, só se sabe o que se conta. Mas o cordel permanece literatura oral na convivência com o folheto, e ainda as praticas de cantoria e leitura coletiva tornam sua existência mais rica.

[2005 : 27]


Produite par des poètes populaires, la littérature est composée dans l’oralité puis seulement fixée par l’écrit lorsque le texte oral est accepté par le public. Le folheto ne doit pas donc être perçu comme la version finale du texte oral mais comme support qui permet à la composition d’atteindre d’autres lieux où un lecteur ou poète s’en servira pour la déclamer. Très souvent d’ailleurs, le poète improvise, n’utilisant le folheto que pour le début de la performance, particularité de la littérature de cordel que souligne Idelette Fonseca Muzart (15) lorsqu’elle dit que :



(…) seule la récitation chantée et rythmée fait « exister » pleinement le texte : même lorsque le faire est antérieur au dire, le texte naît de la voix qu’il assume d’un public qui, l’écoutant comme chose nouvelle et le « reconnaissant », lui donne sa beauté, toujours renouvelée.

[1997 :83]


Le travail de sauvegarde, de diffusion et de valorisation du fonds Raymond Cantel se fera surtout sur des folhetos. Ces petits livrets au format identique sont imprimés sur du papier journal et l’état de plusieurs d’entre eux impose une numérisation dans les délais les plus brefs.

La numérisation des folhetos va permettre de partager cet inestimable fonds avec le reste de la communauté. Mais la question est aujourd’hui de savoir comment numériser, préserver et diffuser une telle littérature sans porter préjudice à ce qui constitue sa propre essence. La diffusion au public du fonds doit tenir compte de la nature de cette littérature où se mêle image, son et texte. En effet, comme le souligne Idelette Fonseca Muzart (16) :



Le chant comme l’instrument, la xylogravure comme le dessin ou la carte postale, définissent un art de la mémoire et de la tradition. La parole, l’image et la voix se croisent dans le champ de la littérature de cordel, intégrant ainsi des formes artistiques que notre culture nous a appris à séparer alors même qu’elles s’unissent dans l’œuvre populaire.

[1997 : 90]


Tout comme la composition orale, le poète et le texte imprimé, la couverture du folheto est un élément essentiel du cordel. L’illustration doit agir comme élément identificateur de l’histoire pour les gens qui ne savent pas lire. Les premiers folhetos, n’étaient illustrés que par des photos, des portraits. La xilogravure est devenue l'illustration favorite des folhetos depuis les années 30 seulement. Si elle n’avait pas beaucoup d’importance à l’origine, elle a peu à peu conquis son indépendance par rapport au folheto, puisque aujourd’hui des albums de xilogravures paraissent régulièrement.


 

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Travail sur le Fonds Raymond Cantel

En plus des folhetos qui représentent sa partie la plus importante, le Fonds Raymond Cantel possède également des manuscrits de poètes populaires, de nombreuses xilogravures et pièces de bois servant aux xilogravures, des enregistrements audio et vidéo de poètes en performance ou en interview. Tout ce matériel fait du Fonds Raymond Cantel, le fonds le plus riche d’Europe mais surtout le plus varié. Tout ces documents seront numérisés, puis mis en ligne sur internet. Cependant, il sera important pour nous de les agencer de façon à représenter au mieux sur Internet l’univers du cordel.

Comme la plus grande partie du Fonds à traiter est principalement constituée de folhetos, il faudra faire attention dans ce travail d’informatisation de ne pas faire oublier le support que représente le folheto, élément essentiel de la littérature de Cordel. En effet, comme le soulignent Alain Jacquesson et Alexis Rivier :



Dans l’univers imprimé, le couple support-contenu constitue une unité indissociable. Dans le monde numérique, le document peut être constitué de nombreux fichiers informatiques disjoints. A l’inverse, un fichier informatique peut s’exprimer sous différents aspects (affichage à l’écran, photocomposition, livre électronique, etc), le support devient invisible.

[2005 : 23]

Quelques centres de recherches ou instituts – trop peu nombreux aux regards du nombre de folhetos existants - ont mis en ligne une partie ou l’intégralité de leurs fonds de folhetos (17). Dans tous les cas, les folhetos sont présentés en mode image, avec couverture ou non, le but semblant être d’offrir un accès aux itels qu’ils sont. Cet accès à des documents est un outil extrêmement précieux pour des chercheurs surtout lorsqu’ils se trouvent hors du Brésil, cependant il ne rend pas compte de l'intégralité de l’univers du cordel.

Il ne s’agira donc pas pour nous de numériser et de mettre simplement en ligne les folhetos sans réfléchir à la façon de bien faire ressortir les composantes de la littérature de cordel, c’est à dire le texte, la voix du poète, la xilogravure, le poète en performance, etc. Aléxia Brasil qui a travaillé sur un projet de Cordel digital souligne dans les propos suivants la nécessité de voir au-delà de la forme écrite, c’est-à-dire du folheto :



Image, texte et son présents dans l’univers du cordel constituent son identité. Une approche dichotomique entre pratique orale et texte imprimé ne permet pas de le décrire. Le cordel représente bien davantage que le folheto, c’est la narration lue ou chantée, c’est l’image de la gravure et c’est l’image imaginée (18).

[2005: 23]


Au-delà de la transformation en document numérique, l’utilisation de l’informatique nous permet de combiner les éléments constitutifs de la littérature de cordel et de faire ressortir ainsi ses spécificités. Nous pourrons réunir le son, l’image et le texte. La définition que Jean-Louis Le Brave donne de l’hypertexte (19) souligne parfaitement les possibilités offertes par l’informatique :


Un hypertexte (lorsque l’ensemble des documents comporte aussi des images et des sons, on parle plutôt d’hypermédia) est donc une collection de documents associés entre eux par des liens dynamiques, qui constituent un réseau à l’intérieur duquel on peut effectuer des parcours.

[1997 : 12]

 

Notre but n’est pas, dans le cas de la littérature de cordel de permettre à l’usager d’ « effectuer un parcours » mais bien plutôt d’ « associer entre eux par des liens dynamiques », les textes aux images et/ou aux enregistrements audio et vidéo.

Ainsi, l’informatique, par le biais des liens hypertextes ou hypermedia, offre un ensemble d’outils essentiels pour l’association du son, du texte et de l’image. La base de données permettra d’associer les documents qui sont du même auteur, de la même année ou bien qui traitent du même thème. Des liens permettront de passer d’un document sonore à un manuscrit, ou bien d’une photo à une xilogravure. Il sera également possible de mettre sur un même écran un texte, une image et/ou un enregistrement audio ou vidéo.


Mais ce réseau d’associations ne suffira sans doute pas à décrire complètement l’univers du cordel. La mise en ligne d’enregistrements audio et vidéo rendra compte de l’oralité de la littérature de cordel mais il aurait été intéressant d’associer à chaque folheto - qui est, ne l’oublions pas, un « texte » oral fixé par l’écrit – l’acte de performance orale correspondant. Martine Kunz dans Rodolfo Coelho Cavalcante : un cas de duel entre oralité et écriture (20) dit à ce propos : "Nous ne pouvons penser le cordel comme un texte indépendant de son avènement sonore, de sa performance, qui suppose la présence physique et simultanée de celui qui dit et de celui qui écoute." (2003 : 206)

Mais c’est pourtant cette présence physique du poète que nous ne pouvons pas représenter à l’heure actuelle. Les enregistrements audio-visuels, trop peu nombreux, ne sont pas toujours associables à un texte. Filmer un « cordelista » déclamant un par un les 8000 textes du fonds Raymond Cantel serait un travail trop fastidieux et trop onéreux. Dans le cadre de son projet cordel digital, Aléxia Brasil a intégré des vidéos afin d’associer au texte la pratique orale. Elle justifie d’ailleurs cette intégration de vidéo en expliquant que :


A representação do movimento não é novidade, faz-se desde o cinema e antes dele, com as experiências que o anunciavam. O movimento digital acrescenta a este quadro uma potencial interactividade. Uma qualidade que pode ser aproveitada na busca de uma estrutura mais fluida para a narrativa, mais próxima da prática oral sem se repetir sempre da mesma forma mas dando espaço para a variação.

[2006 : 74]


Les avancées du projet cordel digital d’Aléxia Brasil qui comme nous veut restituer l’univers du cordel sur Internet, nous aideront sans aucun doute pour notre projet. Aussi, je conclurai en citant ses propos qui illustrent parfaitement la volonté du CRLA-Archivos en ce qui concerne la littérature de cordel : ne pas être seulement le gardien d’une riche collection mais permettre que cette littérature orale continue d’évoluer, de se transformer, d’être re-crééé, en « mouvance » perpétuelle :


A formação do imaginário do cordel, como vimos, é feita de apropriar, transformar, recriar, tanto na fabulação como na figuração de imagens impressas qu também são recortadas, copiadas, reinventadas. Também os arquivamentos deixam de ser estáticos, e cada arquivo resultante do material colhido passa a ser matriz para geração de novos arquivos. O finalizado existe por decisão, e não por incapacidade operacional. A memória pode permanecer em transformação.

[2006 : 74]





Notas

(1). In Cordel digital, Expressão Gráfica Editora, 2006.

(2). COIMBRA Silvia Rodrigues (1993). Poesia e gravura de J. Borges, Recife, p. 20: «... se o poder público brasileiro tivesse a noção o quanto e para que serve o cordel, não deixaria morrer.»

(3). Il a pour titre Saudades do Sertão et son auteur est Francisco da Chagas.

(4). Dans la préface du livre d’Idelette Fonseca Muzart, La littérature de Cordel au Brésil. Mémoire des voix, grenier d’histoires. Paris : ed. L’Harmattan, 1997.

(5). Idelette Fonseca Muzart explique la place du folheto dit d’actualité dans la société brésilienne aujourd’hui :
"S’il a pu, à certaines époques, suppléer à l’absence de journaux dans l’intérieur du pays, le folheto d’actualité joue aujourd’hui un rôle différent. Présentant l’évènement avec un certain retard, par rapport à la presse écrite et audiovisuelle, il le replace dans un cadre poétique, l’explique ou le tourne en dérision, mais il aide, par là même son lecteur à le dominer et à se libérer de sa peur. Cette prise en charge de l’évènement dramatique par le poète est particulièrement sensible dans les grands moments de l’Histoire (…) et devant les catastrophes naturelles. (…) Le folheto propose à son lecteur de comprendre et de rire de sa peur, sinon de son malheur. Il réalise pleinement la transfiguration du réel dramatique en une fiction explicative, justificative, qui ne tente pas d’effacer le réel, mais de l’inclure dans une représentation autre de la réalité : la fonction poétique par excellence."(1997 :73)

(6). Le langage poétique est éloigné des normes et il est très fréquent de trouver des erreurs de grammaire et de conjugaison.

(7). L’Académie des cordélistes du Crato: une expérience originale

(8). DEBS, Sylvie. Le « cordel » : une expression littéraire en sursis ? Le cas de la maison d’édition Tupynanquim. Consulté sur internet le 24/05/2009 à l’adresse suivante : http://www.potomitan.info/ewop/cordel.html.

(9). La plus ancienne des typographies publiant des folhetos, la tipografia São Francisco fut créée à Juazeiro do Norte en 1930, par José Bernardo Da Silva, l’un des plus grands diffuseurs de folhetos.

(10). Op. cit.

(11). Sylvie Debbs donne comme exemple : «  pour un tirage classique, type Gráfica Lira Nordestina de Juazeiro do Norte, il faut prévoir un coût de cent cinquante reais et un délai de trois jours pour un tirage de mille exemplaires d’un cordel de huit pages. Avec le système off-set, le folheto est prêt en trois heures pour un coût de quatre-vingts reais. » (op. cit.).

(12). Si le cordel a réellement connu une période de crise, il s’agissait avant tout, d’après le grand spécialiste, Roberto Benjamim, d’une crise de l’édition dans les années 70. Plusieurs maisons d’éditions populaires et petits ateliers durent arrêter leurs activités par manque de soutien et d’engagement. Une reprise de production a été constatée dans les années 90, production qui utilise désormais informatique et imprimantes.

(13). Cité par Immaculada Lopez in Literatura viva. Cordel e xilogravura completam cem anos de histórias. Consulté le 12/05/2009 sur http://www.sescsp.org.br/sesc/revistas_sesc/pb/artigo.
cfm?Edicao_Id=112&breadcrumb=1&Artigo_ID=1211

(14). La littérature de cordel est une littérature qui se renouvelle, Joseph Luyten estimant que 1000 nouveaux folhetos sont publiés chaque année ( A noticia na literatura de Cordel, São Paulo : ed. Estação Liberdade, 1992, p.25).

(15). Op. cit.

(16). Op. cit.

(17). La Fondation Casa Rui Barbosa par exemple, qui possède plus de 9000 folhetos, en a mis en ligne près de 2300 qui sont consultables à partir de la liste des auteurs. Un moteur de recherche permet d’effectuer une recherche à partir d’un terme dans tous les documents disponibles, les occurrences apparaissant alors soulignées en vert. La couverture de chaque folhetos est affichée en couleur tandis que les pages de texte le sont en noir et blanc. Le  site est accessible sur http://www.casaruibarbosa.gov.br/cordel/. Le projet cordel digital d’Aléxia Brasil cité est en phase expérimentale. Les documents sont présentés en couleurs pour la couverture et en niveaux de gris en ce qui concerne le texte. Un effet informatique qui permet de « feuilleter » le folheto est associé au bruit d'une page que l’on tourne. Ce site est consultable à partir de http://www.cordeldigital.com.br/.

(18). Op. cit. Traduction personnelle

(19). In Textes, Documents et nouveaux médias, DAVID, Clarisse (org), Ed de L’Actualité Scientifique Poitou-Charentes et MSHS, 1997.

(20). In Littératures Orales, Paroles vivantes et mouvantes, MARTIN, J.B (org.), Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2003